Lundi 8 décembre 2008 à 22:58

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Cette nuit, il y avait du vent. Les arbres se frottaient contre la fenêtre désespérément close, tentant d'arracher à l'amertume de l'obscurité un quelconque réconfort. Mais les lumières sont éteintes, les cils perlés de sommeil. Dans les rêves, des souvenirs. Dans les souvenirs, des revanches. Dans les revanches, nos guerres. Une trame sans fin qui brise les espoirs dans une Histoire tourbillonnante. Les dates s'accumulent, avec les déclinaisons, sans vraiment faire de paragraphes. Un peu de thé, pour éclaircir l'esprit, sous la loupiote du Savoir. On s'endort sans jamais pouvoir s'échapper, la tête appuyée contre un livre, une date, un fait, les yeux fermés sur l'image grandiloquente d'un Bonaparte déchu.

« Quand cela cessera-t-il ? »
« A la fin. »
« A la fin de quoi ? »
« De l'Humanité. »



Bientôt Noël, dans son manteau de glace, après les turpitudes romanesque d'un Novembre frileux. Un rond de buée contre le carreau. Je serre ces 500 pages de nationalismes contre ma mémoire.
Demain, demain.

Dimanche 7 décembre 2008 à 22:36

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Les jours s'étiolent. La musique langoureuse d'un automne soupirant se tarit, laissant place aux squares désertés et aux balançoires grinçantes. L'hiver a chassé les enfants des parcs et la grisaille s'insinue entre les veines. Chacun se tait, observant par la fenêtre embuée ce qu'il reste de l'année trépassée : une feuille morte, un bitume gelé. Presque rien. Mais presque trop. 
J'entends le chant des arbres dénudés, branches brisées, étreintes barbelées. J'entends les murmures des troncs gercés, ronces acharnées, lierre rongé. Et pourtant.

Et pourtant, dans le ciel, ce A qui trône, sans trop de raison. On lève un regard étonné, après s'être cassé l'échine contre la vision du sol cabossé, astres et sphères bleutés. Les volutes s'entremêlent, humanité et progrès, contre la peau fragile d'une journée silencieuse, alors que les pas des êtres aimés s'effacent. Et pourtant, oui, ce A qui nargue tendrement de son air éthéré, alors que ma lèvre tremble. A, comme Aimer, certainement, même si la saison oublie les souvenirs heureux. A, comme attendre, aussi, à certaines heures, même si le train s'est déjà enfui, mémoire fugitive. A, comme avouer, alors que l'horizon se teinte des armureries du couchant. Avouer que l'on attend d'être aimé. Aimer en attendant d'avouer. Attendre d'avouer aimer. Qui sait.
Il ne reste qu'à courir jusqu'à cette silhouette presque disparue, ombre glissant entre les avenirs, afin d'y poser une main. Courir et sourire à ce visage tendre, tendresse-passion, avant que.

[Chute]
 

Lundi 20 octobre 2008 à 0:37

J'lance mes jambes
Sur le pavé fracassé.
J'lance mes jambes
Sur la vie effarouchée.

Paris, Paris, ouvre tes bras
Luxure, presse, jeunesse dépravée.
Paris, Paris offre ton bras
Soie, dentelle et talon brisé.

J'cris, j'ris, j'envie
Les heures qui coulent sur nos visages.
J'écris, j'vis, j'assouvis
Les fantasmes froissées, Seine et rivages.



Certaines heures sont vides. Les visages affluent, pressent et cognent. Une envie vous prend de hurler, et de fuir loin de tout cela. Mais parfois on ne peut échapper. On plante son regard dans les yeux d'un autre en espérant y voir quelque chose.
J'ai peut-être même croisé l'océan.

Le temps manque toujours pour poser des mots sur les absences. Mais qu'y peut-on ? Il parait qu'il faut parfois savoir sacrifier un peu pour se satisfaire. En attendant, le temps file, pied léger, en laissant à peine trace sur le visage fatigué. Seul le coeur se souvient. Mais chut.


A bientôt donc.

Mardi 16 septembre 2008 à 0:06

Métro Opéra, Paris. La foule se déverse sur le trottoir qui ne peut plus l'absorber, dans cette débauche de talons aiguilles et de cravates froissées. Les ombres se bousculent, s'excusent vaguement, entre exaspération et fatigue, s'enfuient. C'est un ballet fort étrange, de fait, devant la maison des Rats de France, et la seule mélodie que l'on en entende est celle de la vie qui s'ébruite.
 Murmure.

Mais qu'est-ce donc ? Un fou, au milieu de cette agitation. Un aliéné, sur le béton arraché. Les yeux fermés, les lèvres closes et le visage serein. Et ses mains qui dansent, sur les courbes invisibles de sa vision démentielle. Il tâte, il goûte, il sent. Il ressent chaque vibration, chaque frisson et semble s'en délecter, de ce léger sourire qui lui traverse le visage. Il est fou, oui, disent les regards fugaces des passants agacés par les mouvements lents de cet homme esseulé.
Fou.

Et pourtant. Volupté et quiétude. Ses yeux-amandes me rappellent la douceur pleine de ces hommes de prière, Himalaya glacé. Dire non, qu'il n'est pas fou, mais qu'il voit simplement ce que nous, pauvres pressés d'une vie sans répit, nous ne pouvons imaginer, sûrement. Il touche du bout de ses paumes renversées la tendresse du partage avec l'infini. Lentement, délicatement, il dénude l'invisible maîtresse, avec cette impression de sérénité emprunte de tristesse. Et j'aimerais me joindre à lui, tenter de découvrir ce que ses paupières abaissées lui livrent comme secrets.
Vivre.

Jeudi 21 août 2008 à 11:08


Mélancolie
Doux parfum sur nos lèvres
        Rosée.

J'écoute la complainte entêtante
Des rêves désillusionnés
        Pensée.

Et les cœurs qui battent lentement
La mesure-cadence
        Brisée.

Les songes se frôlent et s'étreignent
Langueur indicible
          Apaisée.

Et la passion roule, tonnerre et sens
Contre les corps abandonnés, amants assoupis
         Froissée.



Silence.

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