Jeudi 21 août 2008 à 11:08


Mélancolie
Doux parfum sur nos lèvres
        Rosée.

J'écoute la complainte entêtante
Des rêves désillusionnés
        Pensée.

Et les cœurs qui battent lentement
La mesure-cadence
        Brisée.

Les songes se frôlent et s'étreignent
Langueur indicible
          Apaisée.

Et la passion roule, tonnerre et sens
Contre les corps abandonnés, amants assoupis
         Froissée.



Silence.

Samedi 28 juin 2008 à 13:31


Coquelicot, ombre sur son visage aux mille rousseurs.
C'est la pâleur tendre des premiers amours qui se reflètent dans un regard de brume. Enfance douce, sur la grève brisée d'une mère agonisante.
« Maman, maman », crie le bambin troublé. Mais maman ne répond plus, les yeux voilés sur un monde qui ne nous appartient pas. Larmes et vagues, sur ce visage d'ange-innocence. Les fleurs aux doux pétales d'amour se fanent lentement dans l'or brillant de la plaine aride. Quelques grillons, dans un chant perdu, langoureuse mélopée ou fado éclipsé. Voilà la fin de l'été, sur ces pommettes humides, alors que doucement la terre se referme sur la plaie béante. Ô, doux enfantillages étiolés sur le sable aride d'une mort-chagrin. Les cloches matines s'éveillent lentement sur une indicible aube, et pourtant.
Coquelicot, secret sur les grains de beauté d'un cœur fragilisé.
Les bras se referment sur cette candeur entachée, dans une étreinte désespérée d'amour disparu. Mais les cheveux fous dansent toujours dans la brûlure du jour, soleil acéré d'une canicule entamée. Roux, roux, roux, et ses yeux d'un bleu-infinitude qui se jettent dans l'abattement silencieux de l'orage endormi. Regard-fraîcheur sur langueur-douleur.
Coquelicot, chaste quintessence sur rêves oubliés.


Le chant des cigales sur la peau parfumée d'une brise caressante. Les yeux se ferment sur quelque souvenir moins sombre. Un sourire, chansonnette, sur les joues rosées. Et les coquelicots silencieux, comme espoir vierge, dans la chevelure de blé.


Mardi 10 juin 2008 à 11:23

Sable.
Pleine lune.
Je suis nue sur la grève de mes rêves. Rien d'autre n'effleure mon corps que la certitude froissée de n'être qu'une illusion à peine colorée d'un monde qui n'est pas mien. Au loin, une caravane de souvenirs délavés s'étend lentement dans l'aurore fugace d'un jour nouveau. Je me coule dans ces ombres d'un bonheur révolu, celui des songes fous jamais accomplis. Je repousse jusqu'à la dernière seconde la peau d'uniformité qui me couvre lentement le corps, m'enserrant dans un cocon de mensonges inhérents à cette existence impossible.
Vague.
Mais je ne suis pas des vôtres, hommes orgueilleux. Je suis d'une autre réalité, celle des soupirs qui s'égrènent lentement sous une brise-romance. Alors n'essayez pas de me retenir, de vos bras puissants, dans cette étreinte-chimère qui n'est que prison des sens. Acceptez mes sourires distants et mes regards songeurs, ces quelques poussières d'éternité qui me permettent de survivre dans une humanité gangrenée par la suspicion et le regret. Je ne suis pas des vôtres et ne le serai jamais, malgré les grincements et les supplications.
Ecume.
Dentelle d'indécision sur mes formes abandonnées. Le jour s'est jeté sur mes espérances, sans sommation. Et pourtant, les yeux clos, le visage voilé, je me ferme lentement à ses assauts répétés, amante difficile. J'ai encore l'espoir fou d'appartenir à mes propres mains, porcelaine fragile d'une conviction fuyante. Jamais, vos regards acérés sur mon intimité nébuleuse. Jamais, vos doigts glacés sur mon épaule vierge.
Ressac.
Silence.


Océan capitonné et conformisme dérangeant. J'aimerais à jamais échapper à leur volonté destructrice, même si mon éloignement me mène lentement à ma propre perte. Et alors mourir dans l'indifférence feinte de ces hommes au cœur brisé. Mais être, encore.


Samedi 12 avril 2008 à 15:16

Je suis reine de froideur, enterrée vivante sous mon dédain. Je suis corps abandonné qui te méprise de sa hauteur solitaire. Je me tapis dans la soie et l'or, luxure langoureuse, t'observant de mon cocon d'indifférence.


Tu aimes l'amende douce et rassurante de mon œil, le cercle parfait et aguichant de ma lèvre, la ligne floue et intrigante de mon visage. Je suis ton mystère parfumé, enveloppé de secrets effrayants.
Tu aimes la courbe imperceptible du satin sur ma jambe immobile, le pli presque invisible des fleurs de lys dans mes cheveux de jais, le mouvement silencieux du vent contre ma silhouette fragile. Je suis ton souvenir le plus effacé, ton amour le plus oublié.


Je suis reine de froideur, sur mon trône de mépris. Tu aimes de moi ces choses-là que tu penses voir. Qui te soufflent des rêves fous, alors même que ma bouche n'a délivré mot. Tu aimes le fantôme de tes fantasmes, flasque d'espoir. Mais je ne suis pas. Je ne suis plus.

Qu'un  songe impossible, au parfum inodore de lotus.


Mardi 18 mars 2008 à 15:53

L'odeur de mon amant coule sur mon corps endormi. Je suis allongée, muette, respirant les derniers volutes de cette volupté interdite. C'est elle qui vous assaille et vous ligote, au coin d'une rue, au détour d'un regard. L'essence vous enrobe, vous caresse, puis vous emprisonne. Fin. Ou presque.

C'est le parfum des hommes de pouvoir qui vous aiment à vous briser, puis qui vous oublient. Celui des mâles forts, qui dominent et jettent. Il vous rassure, de son raffinement brutal, âcre, épicé, jusqu'à vous en donner nausées. Ô, alors que ses doigts longs et gantés se referment sur vous, vous gémissez du plaisir douloureux de l'étreinte violente, cajolées, asphyxiées. Ils vous aiment, ces hommes grands et puissants, jusqu'à vous détruire. Et dans leur indifférence affective, ils vous écrasent de sentiments, toujours dans cette doucereuse atmosphère olfactive. Ils vous attirent, vous terrorisent. C'est la seconde folle d'un impossible avenir, lorsqu'au col de leur chemise vous récoltez le précieux encens.

Allez donc, femmes fragiles, au bras de ces ombres parfumées, de vos ébats vous entêter. Jusqu'à ce que.

L'amour existe peut-être.
Peut-être même chez ces hommes-là.
Là-bas, quand le rideau tombe.
Tombe et amour.

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