Mardi 10 février 2009 à 0:12

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Sweet, sweet, sweet Valentine.
Derrière les roses perlées, une odeur rance. Quelque chose de passé, fané-moisissure. Un amour-désillusion, certainement. Les fleurs se taisent dans un vase trop étroit, en croupissant dans une eau jaunâtre. Les souvenirs trépassent, les images déclinent. Il ne reste plus grand chose d'autre des pétales rouges que la haine farouche des anciens amants, griffure et débandade.


Sweet, sweet, sweet Valentine.
Rien, rien, rien, rien d'autre que nos cris dans la nuit. Rien d'autre que les larmes sous le clair de lune. Rien d'autre que la déception dans le froissement des draps.


Roses éclatées sur vitre embuée. L'amour est éphémère et mes amitiés s'étiolent.

Mercredi 4 février 2009 à 19:19

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Les noms géographiques s'enchainent les uns aux autres. J'entre dans la salle en pensant aux enfants birmans qui se tiennent le ventre, tenaillés par la faim ou la maladie, sous le coude d'un parent immobile. Je parle de la diversité du territoire français, de son relief, de ses paysages, et les petits Afghans me viennent à l'esprit. La cuvette enserrant Grenoble, les enfants-soldats d'Afrique. Les vallées en auge des Alpes, les orphelins d'Ossétie. Je me demande, le long de la logique universitaire, si cela pourrait seulement aider à sauver des vies, plus tard, quand toutes ces révisions ne seront plus qu'un mauvais souvenir au fond d'une mémoire-passoir.
17.
De fait, ma khôlle de géographie ne sauvera sûrement personne. Elle n'aura consommé que trois feuilles de papier, un peu d'encre et beaucoup de désillusions.

Demain, le latin.


Et ce soir, la magie de Bach, Dieu des athés, pour tenter de s'échapper de cette réalité qui se presse à la porte.
Bach et les billets de train imaginaires qui me mèneraient là où le coeur a envie d'être.

Jeudi 29 janvier 2009 à 23:20

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Impression vague, vague d'impressions.


Paris s'endort, incertaine silhouette, entre les lumières bancales de la Mondialisation. Je me rappelle, au coin de la rue, le Tibet libre ou la Birmanie démocratique, tous ces slogans hurlés il n'y a pas si longtemps de cela. Je me rappelle, oui, les cris des Palestiniens, les gémissements des Israéliens, les lamentations des Ossètes. Les bombes qui tombent, les corps qui se fracassent, les larmes qui coulent, toutes ces images que j'ai sous les yeux, à porter de main, à porter de cœur. Je laisse les photographes courir entre les cadavres, sur les terrains accidentés de mort, à l’autre bout du monde et je frissonne, émotion, avec eux, ici, loin des dangers, loin des horreurs. Peut-être même que le spectacle de toute cette désolation me rassure, paradoxe, puisque ces malheurs ne frôlent jamais ma peau-pêche, jeunesse. Un malheur pour les autres, et mon pauvre être fragile qui se languit de ne jamais assez attirer l’attention.


Il y a des jours où la bêtise-égoïsme vous saute au visage. Elle remonte en torrent de bile le long de l’œsophage et se répand en critique amère contre un palais délicat. On aime à regarder ces clichés qui ornent le mur, trophées de guerre, reliquats de souffrance, sachant que la fange qui s’y répand ne nous atteint pas. On soupire, on grimace, on commente. Mais déjà demain arrive avec ses nouvelles images et les martyrs d’un jour sont effacés sous les informations déferlantes, en victimes silencieuses oubliées à jamais, d'un monde toujours plus restreint.


Dimanche 25 janvier 2009 à 23:44

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Hier, j'ai dansé. Accordéon et violon, les rythmes s'enchainent contre mon tympan et je sens les battements de mon coeur s'accélérer. La voix se superpose à tout cela, dans une sorte d'apothéose, pathos & thanatos. Je me rappelle les quelques mots égrainés par T. sur le chemin du retour, alors que les paupières lourdes de rêves se reposaient contre une épaule-amour, des mots de passion et d'hédonisme, des mots philosophiques qui se mêlent au mal de vivre.
Je lis la tristesse dans les bulles d'un champagne trop vite versé, dans la robe translucide d'un breuvage anonyme, dans le reflet inquiétant d'un verre de trop. Je lis la perdition dans les rires noctures, le malaise dans les regards-proposition, le mal-être dans les chuchotements-érotisme.
Je lis, je lis, je lis et j'avale vos douleurs, jeunesses dorées aux relents de rouille.

Et je danse un dernier tango moribond, sur les arpèges d'une guitare mal accordée.
"Mesdames, messieurs, je vous salue."

Lundi 5 janvier 2009 à 23:24

La neige tombe. Je laisse les flocons glisser le long de mes cheveux, reflets en décadence. Tout cela crisse sous mes pieds, alors que je m'enfonce entre les ombres. Je me rappelle des paysages enneigés, des visages halés, des sourires carbonés. Je me souviens de la sensation du vent dans la nuque, alors que quelques grains de ciel s'écrasent contre un nez glacé.
Tout cela est bien loin. Désormais, les enfants se pressent sur la glace fondue, à la recherche de la moindre plaque encore intacte pour mieux en éclater sur un voisin. Des rires roués. Des voix écartelées.
Désenchantement.
 
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La neige tombe. Quelques cristaux s'enfuient à la lumière mourante. Je sens la caresse d'un regard contre ma peau, la brûlure d'un sourire contre mon visage. Je prends conscience de l'éphémère de l'espoir, une fois de plus, de sa désagrégation navrante au contact des heures, mais je tente de relever la tête.
La cour est couverte d'une longue traine de blanc, désormais. Je pose un pied sur l'intangible, alors que mes bras, en balancier, vrillent dans l'air froid du couchant pourpre. Je m'accroche à un cou, regard-éclat, la bouche en coeur. Qui sait ?
Des enchantements.

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