Mardi 6 novembre 2007 à 16:54

Ce n'était qu'un matin brumeux, flottant parmi mille autres, dans une sorte de danse sans rythme. Il n'y avait qu'elle. Elle et son cœur abîmé, lourd de souvenirs arrachés et d'images décolorées. Ce n'était qu'un mirage, dans un fleuve endormi, comme une ombre sans nom sous un ciel obscur. Rien. Il n'y avait rien, non, autour d'elle. Juste le voile diaphane de son dernier espoir, de sa dernière prière, un soupir dans la nuit glacée. Des silhouettes sans consistance tournaient autour du corps abandonné, en cadence, sans violence. L'attente latente de l'aurore indicible qui aurait pu amener le bonheur. Mais l'audace ne paye. Le voile ne se déchire, mais l'âme s'étiole. La lune expire de longs rayons bleutés, sans jamais prononcer ces merveilleuses promesses. Il n'y a que l'espoir, oui, qui tienne encore. Le corps se meut. Il se tourne et se détourne, sur le chemin trop rigide de l'existence placide. Une sorte de révolte, sans condition et sans explication. Le simple hurlement d'un esprit tourmenté qui ne demande qu'à s'apaiser dans la douceur de bras protecteurs.

Les haleines tièdes se mêlent, rubans argentés d'une brume engourdie, dans les profondes noirceurs du temps. Elle se serait presque endormi, transie de froid dans ses fines jupes, alors que les secondes défilaient en la narguant. Ce n'était qu'une sorte de songe sans fin qu'elle observait dans le miroir trouble de la vie, une route à tracer, alors même que ses jambes s'avancent dans l'inconnu gelé d'une destiné contre-indiquée. Alors ses yeux s'ouvrent grand sur le vide insensé de son existence, ses longs cils battant son regard absent. Un concerto sans concertation, syncope brisée et triolet de noires, tête tournante et mains moites. Mais il ne faut pas trembler. Non. Il faut être fort. Fort. Ce n'est qu'une expression sans fondement, une sorte d'image à calquer, dans un coin de sa conscience. Etre fort, et n'être que ce qu'on vous demande d'être. Sourire, alors même que les larmes se bousculent sous le pont de vos sentiments et que la rage bout dans les bas-fonds de vos entrailles. Etre fort, une idiotie à tenir pour vraie. Alors les dents se serrent dans un gémissement imperceptible. Les doigts s'entrecroisent et se griffent, frémissement froissé. C'est une habitude à prendre. Etre dans l'absurdité des conventions, alors même que toute raison nous échappe. Vivre hors d'un monde ordonné, dans une sorte de rêve éveillé, entre peur et chaleur. Ce n'est pas une vie, peut-être. Une étincelle éphémère dans la froidure grandissante. L'aube s'approche, à pas feutrés, apportant avec elle la crainte d'un nouveau jour. L'air se glace et ses sens sont en feu. La robe s'est prise dans la neige nouvelle. Le cœur s'est fêlé.

Une brûlure. Voilà une comparaison bien frêle, par rapport à ces sentiments qui se bousculent. Quelques notes de musique s'égrainent dans l'atmosphère lourde, pour s'abattre avec fracas sur le sol givré. Elles parlent de soleil, faible rayon d'un espoir bientôt évaporé. Les ailes des anges laissent flotter quelques plumes fanées, dans un léger parfum de lys blanc, alors que les roses rouges ont éclos, laissant leurs pétales glisser sur les peines à panser. Il y a des mots qui disparaissent, dans le lointain. Ceux qui s'oublient sur les routes effacées. Et pourtant. Une feuille craquelée, à l'encre bleue délavée, qui virevolte contre son cœur palpitant. Battement incessant. Le regard se perd à l'horizon chatoyant. L'indicible heure profile ses délicates parures. Le corps s'emplit d'une lueur irréelle, coupe de promesses sacrées aux reflets nacrés. Le réceptacle est infini, tant que les paroles résonnent sans jamais se rompre.

L'aube a étalé ses jupons dorés. Elle s'endort enfin, dans la larme rosée des secondes oubliées. L'éternel ouvre un œil, et veille sur son corps abandonné. Silence et communion.



Quelques mots, sur une feuille jaunie par le temps qui fane. Quelques souvenirs, sur quelques lignes inavouées. Quelques instants, dans l'infinitude du serment. Et ces quelques lettres qui se gravent dans la chair et l'esprit. Entre être et âme. Entre homme et femme. Entre elle et son entité. Aimer.

Par Pandemie le Mardi 6 novembre 2007 à 17:50
Je ne sais pas qui est celle qui croit, ni en quoi elle place sa foi. Moi j'espère.
Ne cherche pas à te dissimuler viens on repart en arrière et tu fonds en larmes dans mes bras, viens, on s'en va, on part là où il n'y a rien en suspend, que des machin par terre qu'on peut écraser, tant qu'il ne s'agit pas de playmobils. Tu me manques, toi et ta sincérité. Je refuse que tu fasses semblant.
J'ai besoin de tes énormes lettres. Celles qui dépassent de partout, qui s'étalent autant qu'elles le peuvent. Il suffirait de fouiller dans un tiroir au fond, et retrouver cette brulure. Je ne connais pas d'anges. Rien que des humains, moi.

C'est n'importe quoi, rien n'a aucun sens. Je me perds, m'embrouille. Désolée, puce.
Par Ch0u.Fleur le Mardi 6 novembre 2007 à 23:53
Tu sais quoi Marie, cet article est très beau. L'habillage sans menu aussi.
Mais je suis obligée d'ouvrir une fenêtre Mozilla pour pouvoir te poster un tag.
Alala ^^ Genre c'est la fin du monde.


Bon bref, je t'embrasse.
(Meilleure facon de poster un commentaire inutile !)
Par MoOd le Mercredi 7 novembre 2007 à 13:21
Ce texte me... bouscule.
Par we.are.all.made.of.stars le Jeudi 8 novembre 2007 à 17:01
c'est étrange comme ce texte me parle. C'est incroyable comme tu écris magnifiquement bien. J'aime tant venir ici.
Par droit-aux-larmes le Samedi 10 novembre 2007 à 16:13
Tu manipules toujours aussi bien l'alphabet, et ça me fait un bien fou de te relire.
C'est beau, tellement beau ce texte.

"il n'y a que l'espoir, oui, qui tienne encore"
Et heureusement qu'il est là, car beaucoup e corps en lambeaux, endolori de douleur seraient abandonnés sur els trottoirs gelés, c'est uen bequille magnifique l'espoir. Mais parfois il tue.

Je t'embrasse,
Marion.
Par soft-snow le Samedi 10 novembre 2007 à 23:55
Sur une feuille jaunie ?
Alors avant d'être jaunie, cette feuille est riche. Riche d'images, des phrases qui tourbillonnent et s'entremêlent, et laissent sans voix...
Par ellipse le Dimanche 11 novembre 2007 à 19:33
Ce texte est extrêment fort. L'espoir, sâches qu'encore cette après-midi tu m'en as donné. Je te connais si peu Marie, et pourtant... si tu savais ce que ta magie m'apporte.

Merci.
Par virgin.rehab le Lundi 12 novembre 2007 à 22:13
merci pr ton commentaire, et en effet, c'est vrai.
ba koi ^^

au passage tres joli blog, bonne continuation !
Par dan le Mercredi 14 novembre 2007 à 15:28
seule la croyance permet de ne pas s'en faire
!
seule la croyance a ce pouvoir
moi je ne crois plus
depuis bien longtemps
Par Met.ton.ame.de.lumiere le Mercredi 14 novembre 2007 à 20:13
Je me désole de ne savoir écrire qu'un soupir tellement c'est... je sais pas. Touchant. Retournant en fait...
La brûlure des sentiments. On se retire pas assez vite des flammes souvent d'ailleurs -_-'
 

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