Jeudi 11 mars 2010 à 20:41

Alors que le train vacille sur la rouille des rails, le paysage s'offre aux curieux. L'horizon s'étend dans sa robe de printemps frileux, tandis que les champs se couvrent d'une légère laine, entre argent et or. J'observe, distraite, les jupons des saisons se retourner sur les chevilles-porcelaine de la vie. On tourne un page, encore.

Mais l'encre, par transparence, révèle encore quelques verbes. On croirait presque lire un "aimer", au coin, en petit. Le bleu s'efface déjà, de ce côté. Soupir. Bientôt, on oubliera. Et on disparaitra, l'un de l'autre. Des souvenirs reviendront parfois, au détour d'une chanson ou d'un inconnu si ressemblant. On se surprendra à se rappeler ces choses si lointaines, si brumeuses. Ah, oui.

Et aujourd'hui, tandis que le ciel se teinte de ce rose poudrée, tendre, innocent, je verse une larme. Une seule. En silence. J'enterrerai bientôt mes morts, mes petits soldats trépassés. Je n'ai plus la force de repousser la prochaine attaque. Je me laisserai aller contre eux, contre l'odeur forte de la déception. Peut-être que de l'autre côté, les choses seront plus belles ?




"Jaime... C'est un beau prénom."
"Ah ?"
"Oui. En français, tu rajoutes une apostrophe et..."

J'aime.

Samedi 6 mars 2010 à 20:23

Ma vie est insipide.


Il y a des gens qui écrivent. Il y a des gens qui photographient. Il y a des gens qui dansent. Il y a des gens qui courent. Et il y a des gens qui attendent. Je me laisse vieillir doucement en espérant qu'un jour, il m'arrivera quelque chose. J'observe le bonheur des uns, le malheur des autres et me juge en fonction. Quelle idiotie ! Je mourrai sans âge, sans souvenir, le regret à l'âme. Qui sait ?
 
Je suis ingrate. Je suis entourée, je suis appréciée, je suis aimée. On me regarde tendrement, affectueusement, respectueusement. Je suis une "fille bien", comme on dit. Une fille sans histoire, qui regarde les gens passer, un sourire aux lèvres, envie contre moquerie. J'ai le profil de ces pâles ombres qui parcourent les couloirs des Ecoles. On me reconnait à peine, le temps de jeter un oeil sur une silhouette déjà à moitié effacée. Peut-être quelques notes du bouquet parfumé s'échappe de mes cheveux mal peignés, rappelant un souvenir. Sans plus. On m'oublie déjà.

 
"Mais moi, je t'aime !" Oui, je le sais. Et je t'aime, certainement, bien que parfois certains éléments de l'équation m'échappent. Nous nous aimons ; un pluriel à demi défini. Mais qui suis-je, après tout ? Nous finirons certainement par nous oublier, à notre tour, sans trop de regrets. Car tu ne me connais pas. Ou si peu. Je t'offre mes sourires et mes larmes, en espérant quelque part ne jamais à te montrer mes vrais doutes. Parce que tu n'en voudrais qu'à moitié.


Je n'écris plus. Je ne photographie plus. Je danse à peine, et si maladroitement.
Et on m'oublie déjà.

Jeudi 28 janvier 2010 à 16:27




I remember the fake smile on your face. I remember the lies behind your eyes. I remember the horror on your tongue. I remember all your doubts, now that you are gone. I listen to this melody you loved and try to let memories go. I may  wake up one day and realize that all my life was just a dream. Like yours. And then, I would disapear, following the shade of your perfume. But now...
 
Snow falling on my skin, I forgive and forget. Past is fading away, soft memories lying on the streets. I glance up at the sky, looking for comfort. But nothig comes. Nothing but snow on my pale face, frozen on my lips. Then the deafening silence offers me tenderness and honesty.


I thought you were lost; but I'm just a fool.

 


Jeudi 24 décembre 2009 à 0:18

Je ferme les yeux. Damien me murmure quelques mots à l'oreille, tandis que je tente de m'endormir. Mais déjà les portes de l'enfer s'ouvrent sous mes cils tremblants. La nuit s'étend, obscure absence, tandis que les larmes rament sous le ciel étoilé.


Ah, tu m'aimes ! Tu m'aimes comme jamais, n'est-ce pas ? C'est à jamais, à nos jours, toujours ! On s'aimera à en crever tandis que d'autres meurent de haine à l'autre bout du monde ou sous nos pieds. On empestera le bonheur à les en rendre malade ; malaise et vomissement. On sera heureux comme jamais, comme personne. Egoïstes jusqu'au petit jour.

Et on nous détestera. Et peut-être même qu'on se détestera. Car si l'on ne dit jamais jamais, j'offre mon âme au Diable ; le temps viendra où l'éternité trépassera sous les éclats de verre. Mort, tous morts !




Tu m'aimes, tu m'aimes, tu m'aimes. Les mots résonnent au crépuscule, se donnant la main pour une sarabande, dernière danse. Un jour, tu n'aimeras plus, petit idiot. Tu poseras les yeux sur le passé et tu pleureras. Et tu crieras. Et tu oublieras. Car rien n'aura plus de sens. Mais aime, va et aime, tant que tu le peux, de ce petit coeur qui bat la mesure des passions essoufflées, d'un air de mécanique fatiguée. Aime, va et aime, et je t'aimerais, aussi naïve que tu me voudras, car c'est tout ce qu'il reste. Et tout ce qu'il restera. Aime, va et aime.

Jeudi 10 décembre 2009 à 18:18

Queen and hearts; at night, you'll be mine.


Je suis la reine des égotistes. J'épouserai d'ailleurs sous peu Monsieur de Châteaubriand, au dire de Monsieur Beyle. J'irai par les chemins insensés du romantisme naissant, entre les morts-passion et les écorchés-espoir jusqu'à ce qu'une nuit sans lune tombe.
Alors je quitterai le bras de cet amour impertinent et prétentieux pour mieux m'enfoncer dans les ténèbres du jeu. Pas une ombre, pas un souffle ; la solitude adorée qui m'offre la caresse du narcissisme. Je referme les bras sur les souvenirs tendres du passé et j'y enfonce les ongles. Goutte, goutte. Le sourire en coin, je goûte le plaisir de ne penser qu'à cette soit-disante misère, qu'à ce simili de désespoir, repoussant négligemment toute trace de honte.

Ah, qu'il est bon de se sentir malheureux.





Et si seulement c'était aussi simple. N'est-il point ?

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