Des morts. Voilà ce que je vois quand j'observe notre belle planète. Des morts par milliers, sacrifiés sur l'autel de la nation, de la religion, de l'ethnie, que sais-je encore ? Des morts, voilà tout. Ils vous regardent, le visage encore plein de cette volonté d'être, la bouche ouverte sur une silencieuse supplication. Leurs mains froides s'accrochent un peu sur le corps d'un autre qui ne répond plus. Tous morts, tous morts.
Alors, le cœur serré, je vais faire mon deuil. Celui de toute une humanité gangrénée par le désir de pouvoir et de puissance. Je panse les blessures glacées des corps abandonnés pour leur donner un semblant de dignité après un dernier repos. Je ferme les yeux, croise les bras, ferme les plaies. Je suis patiente, oui. Chaque corps passe entre mes mains. Essuyer, recoudre, enterrer. Quelque soit le culte, j'applique mes mains et mon savoir. Je soigne les âmes trépassées. Peut-être n'est-ce que pour rassurer cette conscience meurtrie, tentant de me persuader que ce n'est pas moi, la fautive, la responsable de ce carnage.
Appartenance. Peut-être est-ce lui, le mot maudit. Celui qui arme les bras, celui qui brûle les esprits. Peut-être est-ce lui, la lance et le couteau, le thermique, le nucléaire. Peut-être est-elle là, la source de toute cette boucherie, sanglante tragédie ? Appartenance comme croix de guerre, bannière sous laquelle se rassemble la haine. Et chacun tue son prochain pour une parcelle de terrain, pour l'amour d'une divinité, pour le nom d'une patrie. Tuer, tuer, exterminer, jusqu'à n'être plus que le seul en droit, le seul en raison. Chevaliers de l'apocalypse sur destrier de croyance, messie d'une vision amputée de l'humanité. Il n'y a plus de différence, non, il n'y a plus que de l'hérésie. Des sous- hommes s'amassent sur le pavé de l'intolérance, encore et encore. Tuerie absurde.
Et je panse toujours les plaies de ceux qui sont décédés. J'apaise les cœurs encore brûlants sous les chairs inertes, d'un peu d'amour, d'un soupçon de tendresse. Mais ils sont morts, et les guerriers de la Catastrophe sont bien loin de mes mains-pardon. Ainsi soit-il, alors, mes enfants, de notre Histoire. Ainsi soit-il de notre Identité. Ainsi soit-il de l'Homme.
Je repars demain, déjà. Je compte écrire un article assez long. Je sais pas si j'y arriverai. A suivre.
Des bisous des bisous