Mardi 13 mai 2008 à 15:47

Nuit estivale. L'air doux est fruitée, comme une douce mélopée syncopée. L'herbe frissonne, les parfums foisonnent, et ta silhouette pâle s'endort sur les pétales des roses froissées.
Eléa, mon amour. Tes lèvres soupirent encore le cœur palpitant de la vie, comme une promesse sucrée. Je suis à ton chevet, belle dame, alors que tes yeux se ferment doucement. Tes fines mains caressent les miennes, tendresse feutrée. Un ange aux ailes repliés, muet dans l'éternité d'un instant.

La mort.

Eléa, ma douce damnation. Mes doigts courent sur ton sein teinté de rouge, alors que je range ma dague. Ta longue robe chatoyante s'empoisse de cette vie qui te quitte, volant à tes joues leur rose tendre. Mes mains ne tremblent plus, mon cœur s'est éteint. Par ta disparition, la mienne. Je n'ai existé que par cette convoitise impossible, par ce trésor intouchable, alors que chaque seconde d'existence propre m'était ôtée. Je ne regrette rien, souriante Eléa, si ce n'est le miel de tes mots à mon oreille. J'aurais tout donné, Eléa pour que nous soyons heureux, mais les gouttes pourpres qui ruissellent silencieusement de ta gorge blanche ne mentent pas. Nous ne pouvions pas. Et plutôt que de t'offrir en pâture à la sauvagerie brusque d'un autre, ma délivrance contre ta peau. Nous aurions dû tout quitter, douce, avant que le cœur froid de la guerre ne nous emporte, que les murs ne se brisent et que les os craquent. Tous morts, Eléa, tous. Et ton corps qui aurait flétri dans une chambre souillée. Jamais.
De cette main, oui, je t'offre l'exil d'une fin apaisée.

Eléa, mon amour.
Eléa, ma chère.
Eléa, ma sœur.


La dague glisse à nouveau contre la peau tachée de sang. Un dernier soupir, tandis que les lys fanent sur les corps immobiles.

Par ciel-contre-nuage le Mardi 13 mai 2008 à 20:33
J'ai écrit une chansonnette en Philo ce matin, sur un coin d'agenda, sur un garçon lâche, une porte qui grince, il disparait dans l'ombre sans se retourner, honteux.
La faiblesse, je me doit de la mettre en musique, je te montrerais.
Par ciel-contre-nuage le Mardi 13 mai 2008 à 20:34
et ton texte me pince le coeur, comme à chaque fois, je fonds devant tes mots qui coule tout seul, du genre chocolat liquide, un délice.
Je t'embrasse.
Par insupportable le Mardi 13 mai 2008 à 21:54
C'est si beau comme chaque mot à sa place.
Et cette mort poétique. J'en viendrai à vouloir moi aussi avoir le sein tranché.
Par Flo le Dimanche 18 mai 2008 à 14:03
A lire tes mots, comme d'habitude, on frissone.
Par Mon-bout-de-vie le Mercredi 21 mai 2008 à 20:50
Lire ces mots à peine 24 heures après avoir perdu un être cher... C'est. C'est à rester sans voix. C'est la gorge qui serre, qui pique et se tord. Ce sont les mains qui tremblent et tappent n'importe quoi sur un clavier. Sûrement pour évacuer.
 

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