Il y a cette rue sombre dans laquelle coule un rayon de lumière. Je pose le pied sur le pavé tacheté, faisant fuir quelques ombres fugaces. La brise molle s'appuie à mon cou et se loge dans mes bras. Le silence tombe, alors que les ailes des anges se ferment. Le temps neige en flocons transparents contre ma peau diaphane. Mon iris irradie une étrange lueur, et l'attente se conforte au coin des volets fermés. Il n'y a plus de bruit, la vie s'est tue. Un furtif mouvement, à l'interstice des grillages. L'œil aux aguets, on tente de percer l'obscurité partielle, derrière les fenêtres endormies, on s'écorche l'oreille contre ce vide auditif. Les âmes s'évadent, un peu trop légères, le long des troncs Les feuilles tremblent, dans un dernier frisson. Mon cœur bat, contre cette poitrine lourde. Le rêve s'endort, entre les lèvres entrouvertes. Les secrets sont tus, mais les âmes sont à nu. Voyez les angélus qui penchent leurs doux visages sur vos yeux fermés. Un parfum d'infini sombre dans l'oubli. La lumière se retire doucement. Les Messagers s'en vont, laissant une plume tiède au creux du poing. Le cœur sort de sa torpeur. Il ne reste que cette chaleur et cette odeur. Un mystère insoluble.
Et la nuit est tombée.
Et tes mots, si beaux mots. N'abandonne jamais.