Mardi 29 mai 2007 à 0:03

Les fenêtres restent ouvertes. Un vent froid coule, entre les rideaux de mousseline. Il y a comme un parfum de printemps tardif, une pointe d'hiver, peut-être. Le souffle fragile s'enroule autour d'épaules, dans un châle glacé. Le silence tombe. Chaque parcelle de peau soupire, tente de se dérober pour mieux se figer dans cette attente gelée. La lumière tremble, alors que la bougie s'éteint. Il n'y a plus un mouvement, plus un bruit. Juste cette larme brillante, immobile, entre ciel et terre, dans un équilibre précaire. Le cœur ne bat plus. La lumière se retire, craintive, sous la porte. L'obscurité tombe, opaque et odorante, derrière ce mur de cristal. Quelques flocons serpentent un bras offert, se perdent contre un poignet tiède. Ils fondent, entre des doigts fébriles. L'instant se meurt, l'éternité s'éveille.

Alors tu ouvres les yeux. Tes cils sont pris dans les brins cassants de la neige, alors que tes joues transparentes craquent. Un regard de glace, iris bleuté. Un souffle chaud s'allonge sur la poussière argentée, alors que ta tête penche doucement sur ton épaule. Ta peau diaphane accueille les frêles rayons de l'aube dans une tendre caresse. Dans un nuage de buée vaporeuse. Tes cheveux d'or blanc se détachent, mèche par mèche, sur la douce courbure de ton cou. Le Temps t'observe, de son temple de verre, et t'offre le répit d'une seconde. Eveille-toi, corps envoûté, de ce lourd sommeil. La glace quitte tes membres d'ivoire, et tes lèvres rosissent doucement, lorsque l'aurore te nimbe de sa chaleur. Il est temps, douce enfant. Temps d'ouvrir tes yeux d'opale sur un monde nacré.

Et le cœur reprend ses battements, douce rythmique. Les fenêtres se ferment doucement, sur ce corps encore engourdi, et les colombes se posent sur le balcon givré. Tes mains se posent, fines et légères, sur la poignée dorée de la fraîche matinée. Tu écartes la chevelure parfumée des premiers jours de Vie. Tu salues les premières âmes téméraires du Jour. Oui, il est temps. Temps de s'éveiller à nouveau sur ces pâles ombres et sur ces vulnérables arabesques. Et l'instant reprend son souffle. L'éternité se rendort.

Il était temps.

Par le.vertige.des.mots le Mardi 29 mai 2007 à 4:13
C'est magnifique. Ou plutôt mon mot exact serait "bagnifique" étant donné l'état dans lequel la grippe m'a mise.

Enfin bref, merci pour ce bout d'éternité.
Par Capillaire le Mardi 29 mai 2007 à 18:34
On écrit à minuit, plus fatiguée, plus en mesure d'être inspirée ? Bouts de mots qui arrivent par dizaine et on retrouve tes expressions favorites. Ta peau diaphane. Eternité, oui, bon, je reprends le commentaire d'au dessus, faute de mieux. Tu en auras un constructif, et je te le promets depuis deux bons mois maintenant. J'y pense, je te retrouve bientôt . Madame, courbettes et milles saluts.
Par Mon-bout-de-vie le Mercredi 30 mai 2007 à 21:24
Oui. Le parfum de printemps n'est pas encore là. Encore moins celui des beaux jours d'été.
Tes mots doux et d'un froid caressant me font écarter ces lèvres émotionnées par ton expression à la fois si belle et si fragile. Pour enlever cette expression vulgaire de 'bouche-bée'.
Mais ne le cachons pas. Bouche-bée. Je le suis.
Avec un tendre sourire*
Julie ~o~
Par dan le Mardi 5 juin 2007 à 13:49
froid ton air ...
mais tes mots sont superbes comme toujours !

l'éternité n'existe pas vraiment
Par tootie-tushie le Mercredi 13 juin 2007 à 10:04
'Ton coeur, tu pouvais facilement l'imiter. Il fesait boum boum et badaboum. Puis rien. La , il s'est arreté'.

Par suspendue le Samedi 16 juin 2007 à 12:31
J'aimerais bien voir un monde de nacre quand je me réveille. Malheureusement ce n'est pas le cas...
 

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