Alors tu ouvres les yeux. Tes cils sont pris dans les brins cassants de la neige, alors que tes joues transparentes craquent. Un regard de glace, iris bleuté. Un souffle chaud s'allonge sur la poussière argentée, alors que ta tête penche doucement sur ton épaule. Ta peau diaphane accueille les frêles rayons de l'aube dans une tendre caresse. Dans un nuage de buée vaporeuse. Tes cheveux d'or blanc se détachent, mèche par mèche, sur la douce courbure de ton cou. Le Temps t'observe, de son temple de verre, et t'offre le répit d'une seconde. Eveille-toi, corps envoûté, de ce lourd sommeil. La glace quitte tes membres d'ivoire, et tes lèvres rosissent doucement, lorsque l'aurore te nimbe de sa chaleur. Il est temps, douce enfant. Temps d'ouvrir tes yeux d'opale sur un monde nacré.
Et le cœur reprend ses battements, douce rythmique. Les fenêtres se ferment doucement, sur ce corps encore engourdi, et les colombes se posent sur le balcon givré. Tes mains se posent, fines et légères, sur la poignée dorée de la fraîche matinée. Tu écartes la chevelure parfumée des premiers jours de Vie. Tu salues les premières âmes téméraires du Jour. Oui, il est temps. Temps de s'éveiller à nouveau sur ces pâles ombres et sur ces vulnérables arabesques. Et l'instant reprend son souffle. L'éternité se rendort.
Il était temps.
Enfin bref, merci pour ce bout d'éternité.