Jeudi 6 mars 2008 à 22:14
Il enlève son manteau, enveloppé de cette lenteur propre aux hommes fatigués. Quelque chose de fané dans son regard presque transparent, alors que ses mains froides et ridées se promènent encore sur la laine râpée. Ce n'est qu'une ombre, presque, reflet fragile d'une âme presque effacée, dans un temps qui n'est plus sien. Je l'observe, distraite, alors que quelques cheveux sur sa tête penchée frissonnent à une brise invisible. Il se retourne, me dévisage, et pourtant je sais que ce n'est pas mes yeux qu'il dévore. Non. Ce n'est qu'un passé lointain et décousu que sa cécité lui fait redécouvrir, alors même que son menton tremble. Il n'y a plus rien à faire qu'attendre que sa promise vienne l'attirer à elle, doucement, de son voile soyeux. Ah, vieil homme aux genoux douloureux, que fais-tu encore là ? Ce n'est plus qu'une épave qui te soutient, entre marée et noyade, et ton esprit vogue bien au-delà. Qu'attends-tu encore, alors ? Il n'y a plus rien ici qui te retienne. Rien d'autre, peut-être, qu'une aurore toujours plus aveugle.
Les parfums s'évaporent, alors que tes muscles se raidissent. Puis le silence. Peut-être.
Maybe you've just buried your last love ?
Il y a des gens, comme ça, tu ne sais pas ce qui les fait tenir. C'est peut-être leur âme, le composé subtil ? Peut-être qu'elle est plus vive qu'on ne croit, leur âme ? Plus forte, plus belle, plus grande que ça ?