Jeudi 14 mai 2009 à 22:28

Voilà la pluie. Accoudée à la Seine, entre ses bras séducteurs, je sens les gouttelettes murmurer, caresser, jalouser et frapper. Ce sont de longues cordes, maintenant, pendues au cou du ciel, attendant langoureusement les esprits perdus des passants étonnés. Averse soudaine, grise, émeraude, saphir, sur les pavés désordonnés d’une ville assoupie. On se réfugie sous un auvent, on s’enfuie sous une enseigne. Quelques cris, quelques bruits ; les talons dérapent, clac. Mais je reste à ses bras, fleuve-misère, tandis que les flots gonflent. J’observe les vagues qui m’emportent presque, l’écume aux yeux, et j’y pense.

Pluie orageuse, air lourd. L’ondée passagère est cette passion qui vous étreint un soir, au croisement entre une lèvre et un œil. Elle vous surprend, vous assaille, vous abat. Vous êtes à terre, vous débattant contre le sentiment, bataillant contre l’émotion. Etreintes et coups dans l’éphémère ; les cheveux emmêlés. La foudre tombe, fend les prétentions et offre les cœurs. Et pourtant, le tumulte éreinté s’apaise déjà, tandis que les corps enserrés se détachent. Croisement entre une lèvre et un œil, à nouveau. Mais déjà l’amour s’empoisonne et les langues s’enveniment. Le temps est au soleil ; l’âme est morose.

Les parapluies se referment. Les amants se tiennent par le bras, en jetant leurs cils soupçonneux au ciel. La Seine reflue lentement, entre mes jambes roidies ; le tonnerre s’éloigne. Il ne pleuvra plus. Et déjà je sens la querelle sur les trottoirs, entre les silhouettes alanguies des jeunes amoureux, qui se répand en venin, douce digitale ; aimera, aimera pas. Alors je redresse la tête, iris-nuage, et j’espère un orage prochain.

Par novembre le Jeudi 14 mai 2009 à 22:38
il a plu tout le jour. et la nuit crie encore sur le monde entier de mon jardin, et lance des enfants qui s'écrasent sur ma terrasse et deviennent alors transparents et forment des ondes ridicules qui s'échappent comme on court pour fuir la mort. l'épicentre. que devient l'épicentre de l'onde des gouttes qui s'écrasent? eh bien la réponse est rien.
Par Vague le Dimanche 17 mai 2009 à 21:46
Je lis ton texte et dehors l'orage tonne, justement (il grêle peut-être même). Mais ici, il s'agit d'un tonnerre bête et sans sentiment, rien, c'est décevant.

Tu me manques ce soir, j'espère qu'on aura l'occasion de se revoir bientôt.
 

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