Mardi 10 juillet 2007 à 14:51

Les plaines s'étendent, immobiles et silencieuses, sous ton regard muet. Tu avances la main, tentes d'obtenir un soupçon de mstère au creux de ta main, mais les myriades scintillantes s'envolent loin de toi. Tes doigts se referment sur les espoirs trompés des coeurs oubliés. La nostalgie, en vaporeux nuages, vient t'ensserre, t'embrasser, puis t'étouffer. Tu t'écroules dans les herbes hautes. L'odeur âcre des fleurs fanées s'insinue en toi, te bâillonnant. Et tu ne sens plus ton corps, à peine ton esprit engourdi. Une croix de pierre, au loin, froide et fière, étend son ombre, aux rayons sanguinolent du couchant. Et alors même tes pensées te sont interdites. Seul compte cet instant présent.
Le cerisier en fleurs pleure doucement au chant de la nuit naissante. Les pétales blafards s'envlent, sous le ciel grisé. Pas un soupir, entre les cimes torude des arbres fatigués. Pas un murmure à la lisière du bois endormi. La plaine dort, dans la lumière crue de la lune jaunâtre. Il n'y a plus de place pour toi. Il n'y a plus de place pour l'Homme.
Alors tu te tais. Ton âme se referme, ta conscience disparaît. Ton corps devient terre et, allongé sur le sol, tu deviens air. Et le voyage commence, à travers les étendues cendrées. Les pierres grincent sous ton poids, sinistre rappel de ta propre existence. Les tiges torturées, aux fleurs abandonnées, ploient sous l'invisible présence de leur hôte trépassé. Au loin, un hurlement plaintif à la nuit. Le vent s'engouffre entre les toitures fragiles, arrachant les enfants à leur sommeil divin. Les Angélus, les las  Angélus ont quitté les cœurs corrompus, et les bambins apeurés ne les retiennent plus. Les draps déchirés, les meubles renversés et les femmes éplorées, les Angélus ont quitté. L'espoir s'est tu. Il ne reste plus que cette infime once de mystère, entre les ains des devins refoulés, lorsque leurs yeux de braise s'agitent et dévoilent les desseins cachés.

S
ous l'ombre de la croix de pierre, froide et fière, ton souffle s'enfuit peu à peu vers l'invisible. Et chacun te rejoint, dans cet interminable périple. Peut-être les Angélus veilleront-ils sur toi ?


Mais l'Infini est inconnu.
Les Angélus ont quitté. Ils ne sont plus que les ombres perdues, entre les hautes herbes.
Endors-toi, et pars à leur recherche, si le cœur t'en dit. Ils chantent sûrement leur complainte, au bord de la rivière, leurs cheveux d'or tressés en nattes fines.






Cloches chrétiennes pour les matines,
 Sonnant au coeur d'espérer encore!
 Angelus angelisés d'aurore!
 Las! Où sont vos prières câlines?

 Vous étiez de si douce folies!
 Et chanterelles d'amours prochaines!
 Aujourd'hui souveraine est ma peine.
 Et toutes matines abolies.

 Je ne vis plus que d'ombre et de soir;
 Les las angelus pleurent la mort,
 Et là, dans mon coeur résigné, dort
 La seule veuve de tout espoir.


Poème de Grégoire Le Roy (1862-1941)
Mis en musique par Claude Debussy (1862-1918)

Par CHERRY-FLESH le Mardi 10 juillet 2007 à 15:06
Schatz... <3 Splendide, encore !
Je voudrais écrire comme ça, moi aussi...
Les mots me manquent, en ce moment.. Pardonne moi de ne pas faire un commentaire plus développé.
Je t'aime, je t'aime, je t'aime. Fort. Plus <3

Vive les <3 et B. est mal. <3
Viele Liebe,
Cerise.
Par des-hauts-des-bas le Mardi 10 juillet 2007 à 19:26
Il fesait encore beau il y a peu.
Je reste scotchée...
Des bisous. A très vite.
( L )
Par Mon-bout-de-vie le Mercredi 11 juillet 2007 à 20:33
Pfiou <3
Pas la peine de te dire ce que tes mots me font ?
C'est... j'ai l'impression de vivre ce que tu écris.
Y a un vers du poème qui m'a frappée. Et pan. En plein dans le mille.
"Je ne vis plus que d'ombres et de soir" ...
Merci demoiselle. Merci pour tes mots que j'aime tant <3
Par suspendue le Jeudi 12 juillet 2007 à 18:29
Où est la place de l'Homme parmis les murs de la nature ? Il l'a abimée, souillée bien trop souvent cette place. Oubliant peut être qu'il est au même rang que les animaux. L'intelligence est une vertue, mais elle devient défaut quand elle maîtrisée par des brutes. Beaucoup d'Hommes sont des brutes.
Très beau texte. (k)
Par le.vertige.des.mots le Samedi 4 août 2007 à 8:00
Alors je me tais. Et laisser à tes mots le doux pouvoir de m'emporter.
Parce que je suis toujours aussi peu apte à écrire un commentaire qui vaille le dixième de ce que tu nous offre.
 

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