Vendredi 22 juin 2007 à 22:40

L'eau brûlante coule sur mes membres gelés, douloureux contact sur ma peau craquelée. Mes sens s'éveillent, tandis qu'un cri est ravalé. Recroquevillée au fond de la baignoire, j'observe ce corps trompé, blessé. L'espoir l'a quitté, désormais, il n'y a plus de possibilité de retour. L'illusion s'est dissoute comme une bulle de savon odorante, derrière l'oreille. On aura oublié, et certainement que cela aura été la meilleure solution. Mais ce soir, sous les gouttes meurtrières, la mémoire revient, fauchant généreusement les trompe-l'œil grisonnants. Et je me flétris, sous cette pluie acide, entre le chlore et le calcaire. Je n'en veux plus, de ces mains rougies, de ces bras éraflés, de ces jambes tailladées. Je n'en peux plus, de cette vie de faux-semblants amers et de mensonges éhontés. Je suis lasse, mon cher. Je suis vide. Mes mots raisonnent sans écho et tu n'es plus là pour les recueillir. Alors ils fanent, tout comme moi, sous le blanc accusateur de l'émail. Certains se traînent encore - avec quelle force ? je n'en sais rien – et se meurent entre les rigoles sombres du carrelage pourpre. Les pensées s'extirpent de mon cerveau assoupi pour expirer dans la mousse épaisse. Oh oui, ce soir le bain est parfumé. Sel et encre, je dirai. Quelque chose d'un peu rouge, un peu noir. Entre nuit et aube. Une teinte d'outre-tombe. Je ris. Nerveuse, peut-être. Mes épaules s'agitent, mes mains tressautent. Ha ha, on m'a bien eu, tout de même, avec ces promesses et ces crachats sans valeur. Naïve et faible, voilà ce que j'étais. Ce que je suis. Ouvrez les vannes, lâchez le leste, il est temps de s'en aller. Mais voilà, il y a cette eau qui me brûle le dos, qui m'arrache la peau et me fait fondre les os. Il y a cette chaleur qui me maintient en vie, qui m'oblige à ouvrir les yeux et à grincer des dents. Qui me fait ouvrir la bouche sur un cri silencieux. Il y a cette vague qui me submerge, me renverse, et me rappelle ce corps oublié. Est-il lourd ! Est-il encombrant ! Ne serait-il pas plus facile de s'en débarrasser ? Il parait que ce n'est pas bien difficile. Une lame, un battement, un mouvement sec et une bouffée de chaleur. Et si c'était vraiment beau, là-bas ? Sûrement que je n'y sentirais plus cette insupportable pression sur mon dos meurtri. Oui, ce serait plus simple. Peut-être trop. Je ne sais pas. Mes bras se resserrent un peu plus sur mes jambes. Mes genoux entre dans ma poitrine, me coupent le souffle, et j'imagine ce qui se passerait. Je suffoque, je crache, je jure, mais je ne relâche pas. Doucement, une aube tombe derrière mes yeux fatigués. Quelques notes s'égrainent, entre l'implacable averse. Quelques mots, peut-être. Un râle, entre les interrogations décapitées et les virgules poignardées. L'encre coule, pourpre et salée, sur mes jambes courbaturées. Une larme s'y mêle. Suis-je bête ? Je l'avais oubliée, celle là aussi. Celle qui remonte, sournoise, alors que votre esprit s'emballe, pour mieux vous achever. Cette perfide qui vous saigne sans mot dire, le sourire aux lèvres. La voilà qui me cajole, me rassure, de ses airs faussement enjoués. Elle me trompe, une fois de plus. « Laisse-moi danser sous tes yeux, t'offrir de douces escapades. Laisse-moi effacer la douleur et soigner les blessures. Laisse-moi faire. » Et les sanglots redoublent. Tes doigts se tordent et ta poitrine se brise. Je n'y peux rien… « Et merde. Merde ! J'y croyais ! » La rage m'étouffe, la haine me terrasse. Je ne cache plus mes yeux fous sous ma frange disparate. Qu'ils viennent. Qu'ils entendent. Qu'ils voient. Tant pis si c'est la dernière fois. Tant pis si l'Après disparaît. Tant pis. Juste une première fois, déguisée sous une dernière.

Et l'eau coulait, bouillonnante, entre les mèches brunâtres, se mêlant aux larmes bleutées sur le corps inerte. Un éclat, éclair inquiétant, derrière une frange mal coupée.
Et si on se battait encore un peu, finalement ?

Par marmotte-fleurie le Vendredi 22 juin 2007 à 22:52
Parler de texte pour en dire qu'il est touchant, attendrissant, saisissant, troublant. Je pourais le faire. Mais les mots ne me viennent pas. Du moins, je n'ai pas envi qu'ils sortent comme cela, il me paraissent fades, froids. J'aurrais aimé pouvoir te les dires surement. Peut-être parce que je suis d'une drôle d'humeur ce soir, et que cet écrit y adhère parfaitement. En tout cas, merci de m'avoir permis d'atérire ici, et de m'y sentir si bien.
signé : Une admiatrice inconnue.
Par ciel-contre-nuage le Vendredi 22 juin 2007 à 23:51
ça valait le coup d'attendre.
Il y a à l'intérieur de ce textes une explosion de sentiments enfouient à l'intérieur de ton coeur, de ton corps, Je perçois cette petite félure qui arrache la peau et qui fait mal.
Tes écrits sont toujours aussi beau, je lis toujours avec attention.
Et ton talent ne s'arrête pas là, ce smots qui s'assemblent si bien...
Il y a là des assonances, des consonnes qui reviennent inlassablement, comme ce sentiment que tu exprime là dedans? Ces 'P' qui grondent, les mots s'enchainent, et nous on aime.
Continue.
Même s'il faut le temps pour que tu nous pondes un trucs prends le tant que c'ets toujours aussi beau (voir mieux, je sais que tu peux plus beau!) que ce qu'on lit là.
(L)
Par ciel-contre-nuage le Vendredi 22 juin 2007 à 23:51
(oh putain j'ai fais des fautes d'orthographe ignoble, Marie excuse moi^^)
Par autrement le Samedi 23 juin 2007 à 12:06
Han... je n'arrive plus à reflechire correctement, j'ai le souffle coupé, les iddées embrouillées, le coeur qui bat la chamade... Je suis scotché, je suis ebetté, éberlué. Je suis...
J'ai ta douleur, j'ai le coeur qui explose, j'ai les membres lourds, j'ai les larmes au yeux. J'implose d'émotions...
Je suis assis, je relis, je revit, je ressens le mal être, le Mal. J'ai envie de pleurer mais ça ne vient pas, parce que je suis paralysé d'émotions...
Je suis dans la baignoire et je m'y noit. Je m'y noit de te lire, de te sentir Mal, triste.
J'ai envie de secher tes larmes, de te reconforter. J'ai envie de ton sourir au lieu de tes joues mouillées...
J'ai le souffle coupé, j'ai le coeur qui ne bat plus...
Par droit-aux-larmes le Samedi 23 juin 2007 à 15:29
Peut être. L'espoir a toujours été pertie intégrente de ma vie. je ne lache pas.
Il me fait tenir.
Trop tôt. Faut il avour 30 ans pour que ne pas que ça le soit?
Il a bientot 30a,s j'en ai bientot 20. On a discuté. Praler. Des nuits. Des soirées entières. On y croit. Comme deux fous. on s'aiment et on dévorde d'amour. Nosu en avosn tellementq ue nous voulons l'agrandir, l'offrir à 3ème petit être. Au plus tôt il sera dans mon ventre en Janvier. Mais peu de prpbalilité que ça se fasse si vite. Nous attendre avec toujorus l'espoir accroché à nos chevilles.

Je m'en vais tu sais. loin d'ici. Mes parents otn compris. ils ne me garderont pas plus longtemps. Tout avance. c'est long. Trop long. mais je m'en vais. je vais commencer ma vie. Je vais enfin savori ec que c'est que la liberté, ce que ce'st que le bonehur. J'ai hate. Je suis à demi morte. Dans un coma trop long qui n'en fini plus. Bientot je vais revivre.

C'est tout ec que désire.
Par droit-aux-larmes le Samedi 23 juin 2007 à 15:40
merci.
Moi j'ai un problème là,
'ai regardé tes habillages, et je me retrouve bloqué sur un habillage rouge bordeau, où il n'y a pas de menu...

C'ets la catastrophe!
Comment je fais?
Par droit-aux-larmes le Samedi 23 juin 2007 à 15:42
mozilla
Par Mon-bout-de-vie le Samedi 23 juin 2007 à 17:00
Je n'arrive pas à mettre ma réaction à chaud.
Je crois qu'il faut que j'attende.
Je crois qu'il faudra que je relise une troisième fois pour trouver les mots.
Parce que mince quoi,... enfin je préfère pas dire ce que je ressens là tout de suite.
Par tonpttgenie le Lundi 25 juin 2007 à 10:06
Chacun de tes textes a quelque chose d'unique, de magique. C'est comme ca qu'on les aime.
Par dan le Lundi 25 juin 2007 à 14:33
une prmière fois déguisée sous une dernière ...
quelle merveilleuse phrase
mais quelle chance qu'il y eu une fois ...
moi j'aurais tant aimé cette fois, cette unique fois
oh que oui j'aurais tant aimé
je meurt de n'avoir vecu cette fois là
aides moi

Dg
Par Cerisier le Mardi 26 juin 2007 à 12:24

Oh que c'est noir.
Quitter la vie ? Mais quel âge as tu ..
J'ai appris à repsecter la vie quand j'ai vu ceux qui la voulaient,, l'espéraient, mais qui sont morts.
Un trou noir, une passe difficile, des pleurs.
Tu ne sais pas où tu vas, tu veux peut être te tester. Tu voudrais au moins avoir une raison de souffrir, peut être.
Quand on sait écrire, comme toi, quand on sait faire quelque chose de soi, il faudrait plutôt louer ce don.
Penchons nous plutôt sur les autres.
Par INC le Jeudi 28 juin 2007 à 22:21
Ce texte est très "élémental" et bien que descriptif, il est ponctué de beaucoup de sensations, différences de matières, de températures... C'est très "vivant", encore une fois j'apprécie et je me laisse accrocher ^^
Par le.vertige.des.mots le Jeudi 2 août 2007 à 6:30
Oui. Battons nous encore. Juste parce quon ignore. Qui sait ce qui peut arriver.
Même si les espoirs s'écroulent les uns sur les autres. Se battre encore.

Ecrire encore. Ecrire pour continuer à vivre. Jusqu'à ce qu'à nouveau, on vive pour continuer à écrire.

Tes mots sont des perles, et je pourrai m'en faire des colliers pendant encore quelques éternités.
 

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