Lundi 24 décembre 2007 à 17:57
Je suis absente, certes. Je suis ailleurs. Un peu dissipée. Il me faut du temps, à nouveau. Doutes et introspection.
A très bientôt.
Samedi 1er décembre 2007 à 22:28
Et ces pétales rosés, sur ton visage de porcelaine.
Les saisons s'effacent, alors que le temps se tourmente. Le cerisier est en fleur, au printemps premier, alors que l'hiver retire ses froides couvertures de ta peau diaphane. Tu es la rosée printanière, dans ce renouveau. L'eau qui se ride, comme la soie qui se froisse, alors que ton corps ondule entre deux mondes. Tu es la reine des quêtes perdues, celle qui porte en son sein la fortune d'un monde disparu, d'une époque révolue. Tout n'est qu'une danse sans fin, que tu orchestres de tes fraîches mains. L'eau coule entre les verts bambous et tu offres la dernière escapade vers l'infinitude. L'aube s'est levée dans ton regard transparent. Il est presque temps.
L'or brille, dans le bois verdoyant. Il se mêle au bronze et à l'aurore, dans un indicible chatoiement. Le turquoise s'y glisse, reflet lumineux d'un ailleurs aux contours incertains. Le labyrinthe tracé sur ton corps de satin se dévoile, et l'on s'y plonge. Le silence tombe, dans un léger soupire qui s'étiole sur des chemins oubliés. Saura-t-on jamais ces secrets enfouis sous les ceintures opales ? Les richesses s'écoulent, lent fleuve de doux regrets, sur tes bras dénudés, et c'est la mélancolie de cette brise qui te caresse le visage. Il y a au loin, dans le crépuscule des angelots, quelques sourires qui s'étirent encore. Rien n'est terminé, alors que rien n'a commencé. Quelques notes s'envolent.
Ce n'est pas un hasard, non, mon doux mirage, si tes yeux de mer se voilent. L'Arbre répond nonchalance, alors que ton parfum s'abandonne. Ce n'est pas justice. Ce n'est que langueur destructrice, aux rebords d'une vie achevée. Et pourtant. Il existe ces quelques bourgeons rosés, sur la branche tressée. Ils frémissent, délicats, dans la fragilité de cette seconde fatidique. Tes doigts s'y mêlent, tendresse, dans les dernières heures d'un monde qui disparaît. Pourra-t-on retrouver ces mots que tu as déposés sur la tombe fanée ? Peut-être jamais. Mais ce n'est que la perfection de cet instant dérobé qui importe, alors même que tout s'écroule. Ne resterons que les faibles sanglots de la maîtresse assoupie, témoins silencieux d'un univers qui s'en est allé.
Et ses larmes coulaient, perles soyeuses, sur ta peau endormie.
Lundi 26 novembre 2007 à 19:59
Je suis juste assis, sur le rebord de la chaise. Elle est rouge, vernie. Mais ça s'écaille, comme le fond de mon cœur.
Tu
sais, tu as le bord de ton visage qui penche vers l'infini de
l'inconnu. Très certainement qu'il y a quelque chose de céleste en tes
quelques mouvements. La grâce de l'infinitude d'une âme trop pure.
Quelques gouttes de rosée tachent ton visage d'un nacré sacré, et je me
noie dans tes yeux-mer qui contemplent les vestiges de mon être. Mon
amour, je t'aime.
La
nuit est tombée. Tes mains, douces et fragiles, s'agrippent à ma
carcasse déjà abandonnée. Tu t'y caches, sans savoir ce que tu fuies.
Comme toujours, peut-être. Il y a un cri qui s'étiole, dans ma gorge
sèche. Tes doigts me brûlent, dans leur indicible fraîcheur. Ton
sourire me consume, alors qu'il coule, sucré, sur ma peau tirée. Tu ne
sais pas, toi. Non, tu ne sais rien. Mon amour, je t'aime.
Il
y a tes cheveux odorants qui caressent mon épaule brisée. Ils glissent,
silencieux, autour de mon cou, et m'étranglent. Leur parfum évasif
m'enveloppe, m'enserre et m'asphyxie. Ce n'est qu'un jeu, pour eux, que
tu ne peux pas voir et que je subis. Tu es trop innocente, mon ange,
pour comprendre. Et mon amour, je t'aime.
Il
aurait fallu que je t'avoue. Que je t'avoue tout. J'aurais dû, il y a
quelques heures, quand tes mains étaient posées sur mes joues
craquelées. Mais je n'ai pas pu. J'ai seulement laissé ta voix, candeur
sucrée, me porter sur les rivages insoupçonnés de la culpabilité. J'ai
abandonné tous les restes de ma dignité à la force destructrice de tes
mots, naïfs et légers. J'ai succombé aux attraits délicieux du mensonge
inavoué. Je ne suis plus rien, désormais, qu'un cauchemar à demi voilé,
et je ne le supporte plus. Mon amour, oui, je t'aime.
Alors
je pose ces quelques mots, ce soir, alors que tes effluves irisées
continuent de s'étendre dans cette chambre confinée. Je revois ta
silhouette dansante, au soleil couchant, alors que ton rire cristallin
s'élevait encore. C'était une cascade, murmure chatoyant, dans l'air
vibrant de cet amour sali. Une fleur, lys parfumé, à ta chevelure
enlacée, sur les rebords d'un monde trépassé. Tu dansais, oui, sur les
notes égrainés de ce qui te semblait être bonheur, mais il manque
quelques pieds, et la valse est bancale. Il ne reste qu'un temps
binaire, et je trébuche sur les croches abattues. Tu t'en vas, tout
là-bas, et je sais que tu ne reviendras pas. Mon amour, ce que je
t'aime.
Je
ne suis qu'un pauvre homme. J'ai délaissé à cette pulsion glacée le
soin de nous éradiquer. Je n'étais pas prêt. Tes quelques phrases
s'effacent doucement devant mes yeux hagards, et ma main tremble. Il
faut que tu saches, mon Autre, que je ne suis plus. J'ai disparu. Nos
souvenirs sont troubles, et mon cœur n'est qu'un amas de peines
perdues. Je ne suis plus, non. Je me suis désagrégé au moment même où
la réalité s'est imposée. Mon amour, aucun soupçon, je t'aime.
Il
est temps. Je sais que tes yeux se voilent déjà. Ton sourire tendresse
porte le deuil, et mon âme se flétrit. J'aurais aimé te tenir dans mes
bras, contre ce cœur qui n'en peut plus d'être si passionné. Mais je
n'en ai plus le droit. Je n'ai offert à ton amour ineffable que la
faiblesse de mon corps obstiné. Je n'ai pas pu résisté, alors même que
ton nom résonnait. J'ai posé mes lèvres sur la chair moite et inconnue
d'une autre. Oui. J'ai fait défaut, j'ai fait dégoût. J'ai fait
tromperie. Ah, mon amour, comme je t'aime.
Je
n'ai plus le moindre désir à assouvir. Sauf peut-être celui de n'avoir
jamais été celui que tu redoutais. Tu avais posé, délicate muse, tous
tes espoirs délectables sur mon instabilité flagrante. Et pourtant. Et
pourtant. Ah, quel imbécile. Tu étais pourtant tout ce qu'il y avait à
espérer, oui. Tu étais la perfection dénudée d'un être adoré. Et moi…
Je n'ai pas su. Je n'ai pas su être comme tu l'aurais souhaité. J'ai
failli. Il n'y a aucun pardon à recevoir. Juste l'impossible vie à
mener. Et moi, je me meurs, doucement.
Dimanche 25 novembre 2007 à 15:03