Lundi 4 février 2008 à 10:02
Alcool. Les effluves sont soulevées par la brise, légères et âcres. Tu tournes sur toi-même, dans l'impossibilité de disserner ce qu'est la réalité. Quelques souvenirs gravitent autour de tes yeux mi-clos, autour de cette bouche en coeur qui s'étire. Sourire. Je te tiens la main. Elle est douce, mais moite. Tu ne sais plus qui je suis. L'as-tu jamais su, de toute manière ? Je n'en suis pas sûre. Mais je te tiens la main, tout de même. Quelques rayons de soleil dégringolent sur ton cou, entre les boucles nacrées de ta chevelure folle. Et j'y suis accrochée, du bout des yeux, du bout des lèvres. C'est une lueur incertaine qui évolue, entre obscurité et désir. Vertiges. Je suis prise de délirs. Tes mots se rapprochent dangereusement de ma conscience, me frôlent, me flattent, me cajôlent. Je me laisse un peu aller à cette douce torpeur qui peu à peu m'envahit. L'étau se referme, et j'étouffe.
"Dis, M., t'as vu les étoiles?"
Murmure. Oui.
"Elles sont belles, hein ?"
Murmure. Oui.
"Elles te ressemblent, tu sais ?"
Murmure. Silence.
"Aussi lointaines et inaccessibles que ton coeur."
Murmure. Froissement.
"Mais je t'aime comme ça, je crois."
Murmure. Oui.
Mon amour, mon amour, je cours dans tes bras. Mais la douleur est trop forte. Tes yeux se noient dans les mèches échappées de mon chignon défait. Je suis enchaînée à nous. Ma main dans la tienne. Moite. Je tremble, mais tu ne le sais pas. Tu ne sais rien. Tu as juste tes bras autour de mon cou, entre quelque vapeur éthérée, et tu tangues dans l'amour indistinct que tu me portes. J'en pleure, les lèvres pincées. C'est injuste, cette naïveté nonchalante que tu affiches, entre lune et néant. Tout simplement injuste. Et la mer de tes yeux me font osciller. C'est bleu. C'est vert. C'est gris. C'est l'océan en tempête qui se jette sur les rochers de ton âme. Je suis fourbue. Je suis abattue.
Amoureuse.
Et l'alcool afflue dans tes veines. Tu es serein. Je suis agonisante.